Floriane Dierckx, la seule Belge en finale à Roland-Garros
Floriane Dierckx était juge de ligne lors de la finale 2017 entre Ostapenko et Halep.
- Publié le 07-06-2018 à 14h07
Floriane Dierckx était juge de ligne lors de la finale 2017 entre Ostapenko et Halep. L’arbitrage belge a la cote à Roland-Garros cette année. Si le tournoi a engagé 300 arbitres, seulement 80 viennent de l’étranger. "Nous sommes quatre Belges, ce qui n’est quand même pas si mal. Je suis à Paris avec Cédric Hamiet, Guillaume Woelfle et Xavier Denamur", confie Floriane Dierckx, une jeune arbitre brabançonne de 27 ans qui est badge de bronze.
Elle n’est pas née sur une chaise haute, mais la passion l’a vite emportée. "Arbitre, c’est une aventure humaine forte qui nous permet d’être acteurs sur le circuit. Nous voyageons beaucoup. Ces dernières années, je me suis rendue en France, aux Pays-Bas, en Australie, à Taiwan, en Turquie et au Mexique. Même si un bon arbitre est un arbitre discret, nous formons une grande famille", poursuit cette kiné à Linkebeek qui passe quinze semaines par an au bord d’un terrain.
L’arbitrage l’a menée sur de beaux courts, dont celui du Philippe-Chatrier lors de la finale de 2017 entre Jelena Ostapenko et Simona Halep. "Quel souvenir ! Tout le monde rêve de vivre une finale en Grand Chelem. Je n’avais pas commis d’erreur. Un tel match génère plus de pression. La concentration est encore plus forte, mais on essaie d’en profiter un maximum", narre encore Floriane Dierckx qui pèse déjà cinq Roland-Garros.
De sa position, elle a une vue imprenable sur le match. Son job ne se limite pas à regarder constamment sa ligne. "Il faut savoir que j’ignore le nom de la joueuse qui est avantagée par la décision. Je sais évidemment qui est de mon côté, mais je fais abstraction au moment de l’annoncer out. Pendant les échanges, je suis la balle comme tout le monde. Si je vois qu’elle arrive dans ma zone, je regarde ma ligne juste avant le rebond", précise celle qui est logée, nourrie et payée pendant le tournoi.
De Jodoigne à Monaco
Floriane a passé son premier examen à l’âge de 11 ans
Être appelée pour jouer un rôle lors de la finale d’un Major n’arrive ni par hasard ni du jour au lendemain. Floriane Dierckx l’a d’abord rêvé durant 16 ans.
Tout a commencé à Jodoigne. "Je jouais pour le plaisir", commence la jeune femme. "Avec un ami (Frédéric), nous aidions le juge-arbitre du tournoi annuel. Nous faisions les terrains, les lignes, les tableaux…"
Elle l’ignorait, mais elle venait de mettre le pied dans l’engrenage. À 11 ans, elle passait un examen écrit avant de réussir la partie pratique.
À 14 ans, Cédric Hamiet, la référence belge de l’arbitrage, a entendu parler de cette jeune adolescente. "Il nous a repris sur le Ladies Trophy de Rebecq. Sur les qualifs, j’étais sur la chaise", poursuit celle qui étudiait dans une école flamande d’Heverlee.
Jusqu’à sa rhéto, elle se concentrait plus sur les tournois en Belgique. Ensuite, elle est partie à la conquête du monde. "J’ai commencé par un 75.000 dollars dans le nord de la France."
Très vite, elle s’est retrouvée sur le Rocher. "En 2012, j’ai été juge de ligne au Masters 1000 de Monaco. L’endroit, en bord de mer, était magnifique. Je découvrais des organisations à grande échelle."
De 2012 à 2018, elle poursuit son apprentissage jusqu’au badge bronze en 2017. De juge de ligne, elle monte sur la chaise en qualif de gros tournois WTA. Floriane Dierckx ne compte pas s’arrêter là. Elle passera ses badges argent et or. À l’avenir, elle envisage de combiner arbitrage et kiné. "Au départ, je ne savais pas comment gérer les deux, mais j’ai trouvé un équilibre."
"Pas de contact, pas d'amitié, pas de réseaux sociaux"
Depuis que les sports sont passés sous le pavillon des dollars, les arbitres ont pris le rôle de cible privilégiée des médias et des perdants. Une décision d’un juge de chaise peut rapporter des centaines de milliers d’euros à un joueur. L’argent a altéré les rapports entre les différents acteurs d’un match. "Par rapport à d’autres sports, nous sommes épargnés en tennis, raconte Floriane Dierckx. Le danger ne vient pas des joueurs, mais plutôt des réseaux sociaux. Les erreurs peuvent être relayées sur Facebook et autres. Je ne ressens pas de pression émanant des sportifs. Nous connaissons leurs profils même si on garde un regard neutre. Il ne faut pas avoir de préjugés, mais il faut les connaître pour faire preuve de diplomatie", explique-t-elle en rappelant qu’elle doit observer quelques règles. "Nous devons rester discrets sur les réseaux sociaux. Nous devons éviter de signaler le tournoi que nous couvrons pour éviter d’attirer le regard des tricheurs. Nous vivons dans un monde caché. Nous ne fréquentons pas les joueurs car les contacts peuvent amener une forme de sympathie. Nous ne demandons ni photos ni autographes."